Panneau principal: Zwei Häuser - Zwei Welten; Deux maisons – deux mondes

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Récit des luttes pour la liberté religieuse

Le livre raconte l'histoire de deux familles voisines, les Habegger et les Ledermann. Elle commence en 1725 dans l'Emmental. Deux mondes s'affrontent pour les deux amoureux, Anneli Ledermann, issue d'une simple famille anabaptiste, et Hans Habegger, fils d'une riche famille réformée et favorable à l'armée.

Sur la base d'une histoire d'amour à la fin tragique, le lecteur découvre les principales caractéristiques de l'anabaptisme dans l'Emmental et le Jura, avec l'accent mis sur les tourments imposés par les chasseurs d'anabaptistes, les amendes, les railleries et le bannissement.

Avec ce roman enveloppé dans une histoire à la Roméo et Juliette, l'auteur, pasteur à Grossaffoltern, suscite la compréhension et l'intérêt pour l'histoire de la souffrance des anabaptistes dans l'Emmental du 18e siècle. Le Jura avec des lieux connus tels que Bellelay, Graitery, Dachsfelden (Tavannes) apparaît, à l’opposé, comme un lieu de refuge paisible.^[1]

Une réunion anabaptiste :

Le culte manquait de faste, de tout moyen qui aurait dû intentionnellement affecter les sens. Et pourtant, un spectateur impartial aurait été touché profondément.

Uli Wüthrich parlait d'une voix faible, un peu nasale. Son discours était vide de de toute fioriture artistique. Il guidait son public à travers l'histoire douloureuse des anabaptistes. Pourquoi devrait-il crier et hurler ? Les faits qu'il mettait en avant criaient au ciel par eux-mêmes! Pourquoi devrait-il élever ou baisser la voix à la manière d'un bon orateur, en apportant de la variété et de la couleur à sa voix ? Pendant des siècles, la situation de ce petit groupe de personnes persécutées a toujours été autant misérable, monotone et sombre! Monotone, donc, pouvait bien être son exposé qui traitait de ces tristes histoires. Bien sûr, le prédicateur traitait son sujet avec une froide partialité. Le savant équilibre qui répartit la responsabilité entre les deux camps n'était pas son affaire. Il ne se présentait pas comme un chercheur érudit, mais comme un défenseur des personnes opprimées et effrayées. ^[2]

Les anabaptistes dans le Jura:

Ledermann avait dû quitter son ancienne patrie à l'époque, en tant que pauvre exilé. Ses biens avaient été confisqués par les autorités. Mais ses ennemis n'ont pas pu lui voler son âme. Outre la grandeur de sa nature et de son caractère, il a conservé les mêmes bonnes qualités, le sens de l'ordre et de la propreté, l'étrange compréhension et l'aptitude à construire et à prendre soin de la terre.

Du Graiton qui était auparavant une forêt de montagne envahie par la végétation, il avait bientôt créé un petit paradis. Même si la maison basse jurassienne à la maçonnerie simple et rugueuse n'était de loin pas comparable aux magnifiques constructions en bois de l'Emmental, elle n'en avait pas moins l'air très accueillante avec ses murs proprement blanchis à la chaux et son toit aussi finement lissé que le bonnet délicatement plissé d'une digne matrone. Les petites fenêtres étaient luisantes de propreté ; les volets étaient joliment alignés à la verticale et à l'horizontale; où que l'on posait son oeil
il ne manquait aucun clou et aucune cheville.. Si un meunier du bord de la  Birse ou du Doubs avait besoin d'un solide cheval, il se tournait volontiers vers l'anabaptiste, réputé pour sa stricte honnêteté. Au début, les marchands se moquaient de cet énergumène, qui clamait librement sur le marché, si un cheval était atteint de l'éparvin ou de quelque autre défaut. Mais bientôt, ils en sont venus à respecter cet homme simple et tranquille, qui s'était révélé être un excellent connaisseur.^[3]

^{[1] Deux maisons, deux mondes, p. 92.
[2] Deux maisons, deux mondes, p. 172.
[3] Deux maisons, deux mondes, p. 174.}