Adi Walujo

Un culte dans une église confortable ? Dans une salle anabaptiste ? Et si l'église est fermée par les autorités musulmanes ? Célébrer malgré tout, devant et derrière l'église, même sous la pluie, partager malgré tout l'eau avec les autres, voilà ce qu'était le culte de notre petite communauté en Indonésie. Et puis, c'était comme un miracle…

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Selon une interview réalisée le 23 juillet 2015 à la Conférence Mennonite Mondiale en Pennsylvanie/USA sur le thème du jour Conflit et Réconciliation.

Ado Walujo:

Je suis pasteur d'une petite église dans une zone rurale. Il y a quelques années, après Pâques, un groupe de musulmans est venu sur le terrain de l'église. Ils ont bloqué la porte de notre église et nous ont dit que nous n'étions pas autorisés à utiliser le bâtiment de notre église et à faire des activités liées à notre foi chrétienne.

Nous avons été surpris car certains membres de leurs familles appartenaient également à notre communauté. En fait, la plupart de nos paroissiens sont d'origine musulmane.

Certains paroissiens ne vinrent dès lors plus à l'église. J'ai alors invité la communauté à célébrer l'office sur le parvis et dans le jardin de l'église. Nous étions assis par terre. Même pendant la saison des pluies, nous pratiquions notre culte avec notre parapluie ou avec une bâche en plastique sur la tête.

Les gens aux alentours ont commencé à parler de nous. Ils se demandaient pourquoi l'église était fermée, pourquoi il était interdit de se réunir à l’intérieur.

Un dimanche, alors que nous célébrions un culte, un groupe de jeunes musulmans est venu. Certains d'entre eux étaient munis de bâtons.

Ils ont expliqué qu'en tant que chrétiens, nous devions quitter cette région parce que c'était un territoire musulman.

Il y a un puits sur le terrain de l'église. A cette époque, c'était le seul puits dans les environs. La plupart des personnes qui avaient besoin de l'eau de notre puits et en dépendaient appartenaient à la communauté musulmane.

Les gens qui allaient chercher de l'eau à notre puits jour après jour ont alors dit à leur chef qu'ils avaient toujours de l'eau de notre puits même si le bâtiment de l'église avait été fermé.

Au bout de huit mois environ, le chef musulman est venu me voir : "Frère, vous les chrétiens, vous êtes des gens bien. Nous reconnaissons que vous faites partie de notre communauté. Vos gens travaillent avec nous. Et il y a autre chose que je veux vous dire : Certes, nous avons fermé votre église mais l'eau de votre puits coule toujours. Cela donne de la vie à notre peuple dans cette région. Je m'excuse pour ce qui s'est passé. Nous avons décidé de vous permettre d'utiliser à nouveau votre église". 

Peu de temps après, nous avons été autorisés à mettre une croix pour indiquer qu'il s'agissait d'une église.

Être une église de paix ne signifie pas que nous devons nous taire. Nous devons être actifs pour faire partie de la communauté et montrer que nous l'aimons. Le sens de l'amour doit être visible à travers nos vies.