Panneau principal: Le Frondeur
A mi-chemin de la montagne, des gens sortent de dessous de l'auvent d'une ferme. En file indienne, ils longent le bord d'un sentier étroit. Des hommes âgés au visage barbu, des jeunes garçons vigoureux, des femmes, une longue, longue colonne. Surpris, ceux de la ferme "Tournelle" les suivent des yeux. Ils se dispersent et disparaissent peu à peu.
"Je sais ce que c'est", dit maître Heros, "ce sont des anabaptistes. Ils ont sûrement tenu une réunion ici. Qui sait s'ils ne comprennent pas mieux ce que Dieu veut leur dire que nous dans nos églises, où ces messieurs les pasteurs savent parfois mieux ce que contient la Bible que Dieu lui-même."
Rudolf von Tavel (1866-1934)
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"Le Frondeur" est également considéré dans la littérature un roman anabaptiste, mais au cours du récit, les anabaptistes apparaissent rarement - ce n'est que vers la fin du roman qu'ils deviennent importants et leur aide pratique provoque une conversion du personnage principal, Maître Heros Herbort.
Heros, qui a été mercenaire à l'étranger, veut diriger ses subordonnés à sa manière autoritaire. Mais il sympathise aussi avec les paysans et les anabaptistes et est plutôt critique envers les Bernois - il se voit comme un "Frondeur", une sorte de rebelle.
Il quitte sa famille et devient capitaine de mercenaires à Venise. Là, il finit en prison pour avoir défendu ses voisins anabaptistes, qui devaient être emmenés aux galères. A son retour, sa femme est morte et il retrouve son fils mourant - empoisonné par une fille qu'il a séduite.
Finalement, ce sont les anabaptistes qui le sauvent :
Dans le cimetière de Würzbrunnen, il reste, à moitié fou, près des tombes de sa femme et de son fils. Les anabaptistes de la région lui apportent de la nourriture. Il fait l'expérience d'une purification, demande la grâce et le baptême - et pour terminer la fille réapparaît avec son petit fils et le ramène à la ferme.
A mi-chemin de la montagne, des gens sortent de dessous de l'auvent d'une ferme. En file indienne, ils longent le bord d'un sentier étroit. Des hommes âgés au visage barbu, des jeunes garçons vigoureux, des femmes, une longue, longue colonne. Surpris, ceux de la ferme « Tournelle » les suivent des yeux. Ils se dispersent et disparaissent peu à peu.
"Je sais ce que c'est", dit maître (messire?) Heros, "ce sont des anabaptistes. Ils ont sûrement tenu une réunion ici".
"N'est-ce pas interdit ?" demande Gideon avec empressement.
"En effet", répond le papa. "Ils jouent un jeu dangereux. Mais écoute, quand on a vu et vécu ce que j'ai vu et vécu, alors on laisse faire les gens. Qui sait s'ils ne comprennent pas mieux ce que Dieu veut leur dire que nous dans nos églises, où ces messieurs les pasteurs savent parfois mieux ce que contient la Bible que Dieu lui-même. - Et s'ils se laissent baptiser dans l'eau de leurs torrents de montagne - pourquoi pas ? Cela me plait plutôt. Cela en fait partie. Tout est tellement vrai et réel chez eux ».[1]
Heros pleure la perte de son fils et de sa femme au cimetière de Würzbrunnen :
Chaque jour, il ruminait ses pensées. Constamment, celles-ci s'envolaient auprès des anabaptistes. Il réfléchissait encore et encore, comment ils se laissaient baptiser dans les torrents, comment l'eau glaciale pouvait laver le poids de leurs péchés, et comment par leur foi ils pouvaient croire en une vie meilleure- Je dois aussi me faire baptiser, se dit-il, si je dois continuer à vivre. Soit je plonge totalement dans le néant, soit il doit y avoir une rédemption. Un baptême de feu et d'eau, avec cette eau qui arrose et bénit la terre d’ici.[2]
Il sait maintenant qu'il s'est plongé assez profondément dans le miroir de sa vie et qu'il n'y a trouvé rien de bon, rien du tout. Il n'a pas été frappé par la foudre, et pourtant il a entendu le sapin qui en avait été frappé crier en se brisant. Il m’a rendu ma vie, une nouvelle vie.[3]